Les Saltimbanques

Picasso disait : “ … Je les peins comme je les vois mais aussi comme je les rêve “.

Proche, interdite, présente, absente, la tribu des Saltimbanques balade son âme exilée dans la condition foraine et dans l’existence errante, entre terre et ciel.
Le tableau de Picasso, La Famille de saltimbanques (1905), et la 5ème des Élégies de Duino de Rainer Maria Rilke m’ont conduit à porter un regard sur ces bateleurs nomades

Qui sont-ils donc ?
Ils connaissent l’impermanence du monde et la grâce de l’instant ; ils sont le mouvement et l’imprévu. Ils sont errance et trouvaille vers des aspirations infinies. Jouets d’une souffrance, la douleur du corps s’envole, éblouit et naufrage. Ils sont la multiplicité des métamorphoses dans ce nulle part perdu dans l’univers.
Déserteurs de la vie terrestre, ces êtres en marge portent leur corps comme un déguisement et s’offrent au cercle des badauds sur leurs tapis usés, dans une douleur réelle et sainte. Dans la grandeur de l’acte et dans l’élan du cœur, à ce corps qui le gaspille, les Saltimbanques transforment leur insuffisance d’être en surabondance d’être.